Made with racontr.com

Depuis la rentrée, nous suivons le quotidien de sept élèves d’une terminale S du lycée Kastler à Denain. Les six précédents épisodes ont été ponctués par les temps scolaires. Cette fois, nous avons demandé à chacun de nous présenter son (sa) meilleur(e) ami(e) car, depuis le début, l’amitié apparaît comme un élément primordial de leur vie.

alt

Angélique, Emeline et Kevin

« Elle me traite. » Ce vilain Kevin qui a volé Emeline, l’amie d’enfance d’Angélique, n’a-t-il pas ce qu’il mérite ? «Non ! Au début, Kevin, c’était le copain d’Emeline et puis plus le temps passe, plus je me rends compte que c’est un ami proche.» Angélique, la protectrice, prend la défense de celui qu’elle aime tant taquiner (il le lui rend bien).

Angélique, 17 ans, la pote de ce duo élargi en clan des trois. À chaque récré dans ce même lycée où elle étudie en terminale ES, en soirées pizzas, au ciné ou plus souvent ces après-midi à «glander devant des vidéos ou en discutant à trois dans le lit». En camping aussi, bientôt, ils l’espèrent, pour fêter le bac.


«Angy», c’est avant tout l’inséparable d’Emeline. «On a toujours été ensemble: on se connaît depuis quatorze ans.» Celle qui s’est imposée comme «la meilleure amie depuis toujours» est aussi pianiste et voisine, à Rœulx. Même si, depuis le CE2, elles ne sont plus dans la même classe; même si les résultats scolaires ne sont pas les mêmes; même si la filière et les choix d’orientation diffèrent… Et voilà, l’an dernier, qu’un Kevin «s’incruste dans le duo», plaisante Angélique. Heureusement, le courant est très bien passé : «Si on ne s’aimait pas, ce serait compliqué.» Oh et puis «tu t’adaptes à ton environnement», sourit Emeline en direction du garçon qui tente de se faire oublier.

L’an prochain, pour la première fois, le trio sera séparé. Eux à Lille, en médecine, elle à Valenciennes, en licence d’anglais. Après le bac, espèrent-ils. Angélique : «C’est dans un mois, je le sais, mais le dire comme ça…» «Angy» et «Kev», sont «en mini-dépression». «Eme» s’acharne à les rassurer: «On l’aura tous, y’a pas de raison!»

alt

François et Julien

Pas de doute, Julien, c’est bien le pote de François. La timidité en plus, peut-être. Mais l’allure, les intonations, les centres d’intérêt… Sept ans qu’ils se connaissent, depuis ce collège d’Escaudain. «On est très sociables, ce doit être pour ça.»


Pour l’amour des «explorations» en forêt, aussi : Julien pour la photo, François pour la nature.

Les voyages, également : ils se verraient bien rejoindre une amie au Canada (mais les finances…). Même philosophie d’étude, enfin, pour ces deux qui voulaient partir en ES. Et finalement redirigés (sans projet précis) vers un cursus en S: «Je suis un peu moins fainéant que lui, mais alors à peine», analyse François. «Il aime avoir raison», sourit son compagnon de classe. Ils devraient se retrouver l’an prochain dans la même ville, Valenciennes, mais pas dans la même formation. Avant, il y aura cette dernière ligne droite «démoralisante». Le bac : «Je crois qu’on réalisera le jour même.» 

alt

Camille et Charles

Disneyland Paris, à deux, c’était vendredi. Leur

«premier voyage». Courte parenthèse pour Charles et Camille, ce jeune couple touchant de bientôt deux ans. Toujours collés l’un à l’autre. Les deux en terminales S, dans le même lycée mais pas dans la même classe : «C’est pas plus mal. Comme ça, quand on se voit, c’est pour des trucs sympas.» Ces temps libres où «on parle de tout». Ces chutes à la patinoire, ces parties de bowling, ces cinés SF ou dessins animés, ces éclats de rires (aux blagues de Charles, «un bon point pour Camille»).

Ce Charles, «intelligent, marrant, attentionné, beau, sportif, généreux». Quand même. «Il peut être chiant aussi», rassure Camille, sous le charme. Elle en médecine à Lille, lui en prépa à Valenciennes, l’année prochaine. «Avec la distance, on verra si ça tient», philosophent-ils. Pour l’instant, ils préfèrent penser à leurs cinq semaines à Argelès ou en Haute-Savoie, après le bac.

alt

Geoffray et Enzo

Ils sont amis depuis le CE1: «Quand on me connaît, on connaît aussi Enzo», sourit Geoffray. Et ils adorent faire des trucs ensemble: du sport, bosser, parler... «Quand Geoffray a sauté son CE2, on a été séparés. Du coup, j’ai sauté mon CM1 pour le rejoindre, plaisante à moitié Enzo. Ils disent aussi qu’ils discutent de tout, qu’il n’y a pas vraiment de tabou. Pourtant, on sent une gêne lorsqu’il s’agit de parler de leur relation ou l’un de l’autre : «Pfff, on n’a jamais réfléchi à ça ! » Ben oui, une amitié ça se vit, c’est tout. À force de blagues dans la petite chambre d’interne d’Enzo, on obtient quand même que l’un (Geoffray) a moins confiance en lui que l’autre (Enzo), qui n’est pas pour autant fonceur : «Je réfléchis toujours beaucoup avant d’agir.» Ils s’écoutent, se conseillent : «Quand on s’engueule, ça tient dix minutes et puis on rigole.» Ils sont certains de se revoir après le bac et n’envisagent pas que les études puissent les séparer (Enzo veut faire médecine et voit Geoffray travailler dans la robotique ou l’informatique) : «Au lycée, on est dans une période de construction et, franchement, celui qui n’a pas d’amis je ne sais pas comment il fait pour s’en sortir», note Enzo. Presque d’une même voix, ils enchaînent : «Dans la vie, le plus important, c’est la famille et l’amitié ! »

alt

«Je sais qu’avec Enzo, on se verra toujours, même quand on sera vieux ! C’est mon meilleur ami, le seul qui pense à prendre des nouvelles pendant les vacances et à qui je peux vraiment tout dire.»


Seule face à nous dans la cour du lycée, la discrète Jade parle volontiers de ce meilleur pote qu’elle a découvert en seconde : «On est un bon petit groupe mais avec Enzo je me confie plus.» D’ailleurs, il suffit qu’il arrive pour qu’elle se mette à rire : « T’es prêt pour la photo ? » Lui est tout aussi enthousiaste lorsqu’on évoque sa grande amie : «Jade, c’est un vrai soutien moral. Elle sait ce qu’elle vaut mais elle ne rabaisse jamais les autres. Parfois, tu peux te sentir mal parce qu’elle comprend en deux secondes des trucs qu’il te faut du temps pour assimiler mais ce n’est pas de sa faute! Et puis, elle a une capacité à apprécier ce qu’elle a que j’admire beaucoup. » Si on l’interroge sur les défauts de sa voisine de classe, Enzo reste interdit : «Si, si, elle doit en avoir... Vous n’avez qu’à lui demander ! »

Enzo et Jade

alt

Alexandre et Pierre

Il y aurait de quoi dégeler une banquise. Entre rires et bonnes blagues, ces deux-là ont l’art de l’échange drôle, très chaleureux qui met tout de suite à l’aise. On se surprend même très vite à rire aussi fort qu’eux, comme si on les avait toujours connus ensemble. Sous des dehors de potes qui se chambrent facilement –«Il m’appelle encore Bouboule à cause de la maternelle» –, Alexandre et Pierre expriment une gentillesse et une sincérité peu communes : «Quand il y a un problème, il n’y a pas de : “Attends, je suis occupé”. L’autre arrive dans les cinq minutes.» Leur amitié de quinzeans (Alexandre en a 18) est faite de rires, de soutien et de compétitions sportives : ils sont tous les deux fous de judo. Pour Pierre, Alexandre est «généreux, intelligent, il n’en fait pas trop» : «Il m’a aidé à financer un kimono qui me faisait envie et il ne m’en a jamais reparlé.» Et devrait prendre plus confiance en lui: «Enfin, ça c’est vous qui le dites ! » De nouveau, leurs rires, de nouveau leur très belle amitié.

LA VOIX DU NORD


TEXTES

Sophie FILIPPI-PAOLI, Pierre ROUANET

PHOTOGRAPHIES

Thomas LO PRESTI

MISE EN PAGE

Quentin DESRUMAUX

REDACTION EN CHEF

Jean-Michel BRETONNIER


Revenir sur le site